La motivation est, dans sa définition la plus simple, ce qui pousse une personne à agir. Car oui, nous n’avons pas tous les mêmes motivations, notamment dans notre travail !

Lorsque nous concevons un jeu, prendre en compte le profil des futurs joueurs est une étape primordiale. En effet, nous allons utiliser certains leviers pour répondre à leur motivation ou leur leitmotiv !

Voici un exemple simple :
Si l’on conçoit un jeu à destination des commerciaux, on aura tendance à :

  •       Intégrer de la compétition individuelle ou collective
  •       Intégrer la notion de gain (être gagnant ou perdant doit être clair)
  •       Intégrer de la difficulté à obtenir
  •       Mais du coup, quels sont les différents leviers de motivation ?

 

Le modèle de Yu-Kai Chou

Le modèle de l’Octalysis développé par Yu-Kai Chou, pionnier de la ludification depuis 2003, met en évidence différents moteurs de motivation au travers d’une grille de lecture qui permet d’évaluer le degré de ludification d’une activité pédagogique et d’identifier les axes directeurs de motivation. Dans ses travaux, Yu-Kai Chou illustre sa théorie par le biais des jeux vidéo.

Yu-Kai Chou estime que toute action entreprise par une personne découle d’un ou plusieurs des huit moteurs de motivation ci-dessous :

  1. La signification et la vocation : sentir que l’on accomplit quelque chose d’important, qui a du sens,
  2. Le développement et l’accomplissement : progresser, développer ses compétences,
  3. L’empowerment (créativité et retour sur expérience) : user de sa créativité afin de comprendre ce qui fonctionne ou non et en comprendre les raisons,
  4. L’acquisition : obtenir un statut ou tout autre chose permettant de s’attacher à sa possession ou d’en vouloir davantage,
  5. L’influence sociale : tous les éléments sociaux qui animent une personne tels que la collaboration, l’acceptation ou la compétition,
  6. La rareté et l’impatience : vouloir quelque chose que l’on ne peut pas obtenir ou difficilement,
  7. L’imprévisibilité et la curiosité : vouloir découvrir la suite des événements,
  8. La perte et l’évitement : la peur que quelque chose de négatif se produise comme la perte.

 

La répartition des moteurs de motivation

Ces moteurs peuvent être répartis en plusieurs catégories, on observe :

  • Les moteurs intrinsèques associés au côté droit de notre cerveau : l’obtention du gain n’est pas nécessaire pour exprimer sa créativité, partager avec d’autres personnes ou ressentir le suspens de l’imprévisibilité. L’activité elle-même est gratifiante.
  • Les moteurs extrinsèques associés au côté gauche de notre cerveau : l’obtention du gain, d’un objet ou l’accomplissement d’un objectif génère de la motivation.

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Beaucoup d’entreprises cherchent à concevoir une motivation basée sur des facteurs extrinsèques. Toutefois, avec cette stratégie fondée sur l’appât du gain, l’entreprise prend le risque de perdre la motivation de ses employés une fois l’objectif atteint. Il semble plus judicieux d’axer la motivation des employés sur des facteurs intrinsèques en rendant leur activité amusante et/ou gratifiante, de sorte qu’ils s’y engagent de façon pérenne.

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Les moteurs placés en haut de l’octogone sont considérés comme des moteurs positifs, tandis que les moteurs placés en bas sont considérés comme des moteurs négatifsLes moteurs positifs vont permettre aux individus d’exprimer leur créativité, de se sentir accompli ou d’accomplir quelque chose d’important. A l’inverse, les moteurs négatifs vont entretenir la peur et la frustration des individus qui ne veulent pas perdre leur possession ou qui veulent obtenir quelque chose d’inatteignable malgré leurs efforts. 

Il n’y a pas de bons ou de mauvais motivateurs dans l’octogone d’Octalysis. De nombreuses personnes se soumettent volontairement à des moteurs négatifs afin de s’obliger à tenir leurs petites résolutions du quotidien (aller plus souvent à la gym, manger sainement ou éviter d’éteindre le réveil le matin).

 

Ce qu’il y a à retenir de ce modèle

Gardez à l’esprit qu’un bon système de ludification ne signifie pas que le jeu doit répondre à tous les moteurs de motivation, seulement à ceux qui sont les plus pertinents dans le contexte de l’entreprise ou en lien avec le profil de joueurs ciblés.

Beaucoup d’entreprises orientent encore leur stratégie sur ce qu’on appelle le « Function-focused design« . Leurs employés effectuent une tâche car on leur impose et qu’ils sont tenus de la traiter. Toutefois, de plus en plus d’entreprises se tournent vers la ludopédagogie. Ces dernières sont considérées comme des « Human-focused design« . Elles prennent en compte les sentiments de leurs employés, leurs insécurités et les raisons qui les poussent à entreprendre ou non une tâche qui leur est assignée. Ces entreprises cherchent donc à améliorer les sentiments, la motivation et l’engagement de leurs employés ce qui, selon les travaux de Yu-Kai Chou, améliore significativement leur productivité. 

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Article co-écrit avec Alice Bayeron.

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